Depuis le début de la pandémie, les mouvements sociaux ont pris de l’ampleur. Au niveau macroscopique, de plus en plus de personnes affirment leur identité et leur place dans le monde. Des mouvements associés aux personnes de couleur, à la communauté 2SLGBTQIA+ et aux femmes ont émergé ou se sont amplifiés à l’échelle mondiale au cours des dernières années, souvent en réponse à une répression de leurs droits.
Dans ce contexte de grands mouvements sociaux, de petites tendances ont fait leur apparition.
Historiquement, les taches de rousseur n’ont jamais été esthétiques. En Grèce ancienne, c’étaient des taches « à faire disparaître ». Or, elles sont devenues de plus en plus attrayantes dans la culture occidentale du 20e siècle, étant associées à la capacité à mener une vie de loisirs avec beaucoup de bains de soleil. Aujourd’hui, et ce, en grande partie grâce aux médias sociaux, les femmes acceptent pleinement leurs taches de rousseur et même apprennent des techniques de maquillage pour en créer. Cela va même jusqu’à se les faire tatouer. Il va sans dire, la beauté est un terrain de jeu infini pour s’affirmer et s’amuser.
On assiste à un retour du balancier similaire dans la sphère capillaire. Tandis que les cheveux lisses ont longtemps été l’idéal, on voit récemment des femmes rendre hommage à leurs boucles naturelles, et de plus en plus de femmes partagent leurpropre routine capillaire conçue pour maximiser les boucles. C’est rendu que même les femmes qui n’ont pas les cheveux bouclés investissent dans des produits qui leur promettent des boucles disco.
Si les soins de la peau nous ont incités à revoir notre relation par rapport à notre peau, les soins capillaires veulent nous faire repenser au temps qu’on passe sous la douche – que ce soit pour une petite douche quotidienne ou un nettoyage en profondeur de quatre heures. Les précurseurs dans l’arène des soins capillaires sont Ouai, Gisou et Olaplex.
Une personnalité à la fois surprenante et prévisible est à l’avant-garde de ce mouvement : Beyoncé. Le 20 février, Beyoncé a lancé sa gamme de produits pour les cheveux, Cécred (prononcé sacred). Même si elle n’est pas la première célébrité à vendre de tels produits, son lancement est pertinent parce que Beyoncé est tellement au fait de ce qui s’apprête à marquer la culture. Elle contribue aussi au retour de la musique et de la culture country, valorisant ses racines texanes avec son nouvel album, Cowboy Carter. Mais surtout, sa reprise de la chanson Jolene de Dolly Parton a reçu un accueil mitigé et lancé un débat sur la place des artistes noirs dans la musique country. Comme le country et les crinières volumineuses sont deux piliers de l’identité des Texanes, il va de soi que Beyoncé choisit de les explorer en affirmant sa propre identité, mais aussi celle des femmes afro-américaines. Ce qui est intéressant, c’est de voir comment la beauté et la musique servent de catalyseur à des sujets politiques.
Les taches de rousseur, les produits pour les cheveux, Beyoncé… ces tendances sont des manifestations du même désir : celui d’être soi-même et de prendre sa place dans le monde sans s’excuser. L’idéal de beauté établi depuis belle lurette laisse lentement place à un nouvel idéal diversifié où il fait bon d’accepter et de célébrer tout ce qui nous rend uniques.